The Cover : Xenia Lucie Laffely

Xénia Lucie Laffely est une artiste et designer Suisse (née à Morges) résidant entre Lausanne et Montréal. Après avoir fait des études en lettres, en francais et en histoire de l’art (2009), elle suit un cursus bachelor en design de mode et textile à la HEAD-Genève. Son travail de diplôme, une collection pour homme caractérisée par le travail d’imprimés, est saluée par le prix d’excellence Hans Wilsdorf. En 2013, elle est sélectionnée comme finaliste au Festival international de mode et de photographie de la ville de Hyères (2012) ainsi que comme semi-finaliste pour le prix H&M et pour le prix Suisse de Design. Elle part plusieurs mois à Londres puis à New York afin d’y effectuer des stages aus sein du département broderie et imprimé de plusieurs maisons de mode. En 2014, de retour en Suisse, elle travaille comme designer indépendante. 

Recevant l’une des bourses culturelles de la Fondation Leenaards en 2016, elle complète un Master en Design mode et textile à la HEAD-Genève et obtient sa maîtrise avec mention en 2018. Mais dès sa première exposition personnelle à la Villa Noailles à Hyères en 2018, elle se dirige naturellement vers une pratique artistique protéiforme et vers un travail textile qui questionne les frontières et les hiérarchies entre art, design et artisanat. En 2019, après avoir obtenu l’un des Swiss Design Awards pour son projet de couvertures textiles pour féministes fatiguées, elle décide de partir à Montréal pour y suivre un certificat en études féministes à l’UQAM à Montréal (2019). L’artiste décide ensuite de prolonger son séjour au Québec et a pour ambition d’exporter son travail artistique en Amérique du Nord. 

Depuis 2018, Xénia Lucie Laffely expose son travail lors d’exposition solo et collectives à Genève, Zurich, Lausanne, ainsi qu’en France, en Italie et au Canada. Ses oeuvres font parties de plusieurs collections privées d’art et de la collection du MUDAC à Lausanne. En 2020, et malgré les circonstances exceptionnelles dues à la pandémie, l’artiste poursuit son projet d’exporter son travail à l’internationale. Cette même année, elle est finaliste des Swiss Arts Awards (édition sans lauréat·e·s, annulée en raison de la COVID-19). En 2021, elle participe à deux expositions collectives à Montréal (Centre Clark) et à Toronto (Mayten’s), et se rendra à Vienne pour une exposition en duo avec l’artiste Autrichienne Suzanna Flock, en Suisse pour deux expositons solo (Valentin 61 & Eeeeh!) ainsi qu’à Rotterdam pour une exposition collective de réalité virtuelle avec le collectif Morph Love. En 2022, elle partira 3 mois en Terre-Neuve (Canada) pour une résidence artistique suivie d’une exposition solo au sein de la galerie Eastern Edge à St-John’s. 

Depuis 2012, mon travail a évolué vers une pratique artistique protéiforme qui questionne les frontières et hiérarchies et dresse des ponts entre l’art, le design et l’artisanat. À travers une pratique figurative influencée par une esthétique post-digitale, photoshopée mais traversée d’irrégularités, j’explore les enjeux du portrait et de l’auto-portrait, de la vieillesse, de l’espace domestique et de l’ornementation. Je développe une réappropriation subjective et sentimentale d’une épistémologie personnelle qui évoquent la politisation de l’espace domestique, suggèrent la possibilité d’un rapport sensuel entre le corps et l’image et affirme une prise de position ornementale comme légitime.

Peintures auto-fictionnelles

Les peintures digitales à l’origine de mes œuvres textiles se veulent à la fois narratives, familières et dérangeantes. Majoritairement inspirées par des photographies de mon quotidien, de mon amoureuXe, de notre chien et de la culture digitale des réseaux sociaux, elles questionnent les frontières du portrait, de la nature-morte ainsi que de l’auto-fiction. En associant des images de ma vie à des références à la culture pop , un récit se forme en pointillé à la manière d’un patchwork qui dessine une histoire faite d’ellipse. 

Textile

Depuis maintenant 2 ans, je me concentre principalement sur la création d’œuvres textiles tirées de peintures digitales. Réalisées sur photoshop, j’imprime ensuite ces peintures sur différents textiles avant de les assembler et de les retravailler à travers un mélange de techniques empruntées à l’artisanat tel que le matelassage et la broderie. Il m’importe de participer à revaloriser le medium textile et à le libérer des stéréotypes sexistes et ethnocentristes qui lui sont encore associés. Ma démarche est caractérisée par une fusion entre techniques digitales et savoir-faire traditionnels et par de constants allers-retours entre la main et la machine. En effet, à travers mon processus artistique j’affirme qu’il ne peut y avoir de ligne de démarcation claire entre le monde «analogue» et «numérique» et que la zone grise entre les deux permet une multitude de possibilités. 

Matérialité digitale

La dimension plastique et matérielle de mon approche est essentielle et se place à l’encontre de la hiérarchie concept > matière tout en intégrant des considérations propres à notre époque digitalisée. En partant de peintures que je réalise sur photoshop, j’interviens ensuite en réinjectant un excès de matière dans ces images digitales. Mes dernières œuvres reproduisent plastiquement le principe des « calques photoshop » à travers la superposition de tissus transparents imprimés qui participent à créer des images hybrides et faussement réalistes. Je questionne la matérialité même des images et leur artificialité en intégrant des éléments caractéristiques de photoshop tels que les pixels du « vide » de photoshop, symbole de l’immatérialité digitale par excellence puisque ceux-ci ne sont visibles que sur photoshop. En les capturant et en les utilisant comme motif, je l’extrais du monde digital et l’insère dans notre monde physique. Je joue aussi avec la potentialité sérielle des images digitales en créant des pièces textiles uniques tirées d’une même peinture digitale. Alors qu’elle pourrait être reproduite à l’infini, sa physicalité agit comme un facteur d’altération et d’aliénation de l’identique. – XLL

DR / Xenia Lucie Lafelly, 2021
IG / Xenia Lucie Laffely
WEB / www.xenialaffely.com